Dans la région du Douro, Ema grandit avec son père dans une atmosphère de grande sensibilité poétique. Séduisante et innocente, elle développe un goût irrésistible pour les fictions romantiques mais ne trouve jamais de satisfaction avec les hommes. Devenue femme, elle épouse un médecin qu’elle n’aime pas, avec qui elle déménage dans la vallée d’Abraham. Menant une vie mondaine, Ema connaîtra trois amants dans une constante recherche de passion, de luxe et de défis.
Adaptation libre de Madame Bovary de Gustave Flaubert dans le Portugal de la seconde moitié du XXe siècle.
L’AUTEUR
Manoel de Oliveira est né en 1908 au sein de la bourgeoisie industrielle de Porto. Après avoir hésité entre une carrière d’acteur et celle de coureur automobile, il se tourne vers la réalisation. Son premier court-métrage,
Douro faina fluvial (1931) est un documentaire muet sur des ouvriers travaillant sur les rives du fleuve qui traverse Porto. De Oliveira continue d’explorer sa ville dans un film pour enfants,
Aniki Bobo, en 1942. Ses velléités artistiques sont néanmoins empêchées par la censure de la dictature de Salazar et la faiblesse de l’industrie cinématographique portugais. Son œuvre se déploie pleinement après la Révolution des Œillets de 1974 et de Oliveira est alors reconnu comme l’un des plus grands cinéastes de son pays. Il réalise entre 1969 et 1981 sa «tétralogie des amours frustrées» (
Le Passé et le présent,
Benilde ou la Vierge-Mère,
Amour de perdition et
Francisca), comme il l’a lui-même baptisée, qui affirme son style : un goût de la théâtralité, du sacré, de la longueur du plan et du dialogue. Cinéaste de la parole, il adapte de nombreux textes littéraires comme
Le Soulier de satin (d’après Paul Claudel, 1985),
Mon Cas (inspiré de José Régio et Samuel Beckett, 1986) ou encore
Val Abraham (adaptation libre de Madame Bovary de Gustave Flaubert), probablement son chef-d’oeuvre, en 1993. Entouré de collaborateurs prestigieux (le producteur Paulo Branco, les comédiens John Malkovich, Catherine Deneuve, Michel Piccoli), De Oliveira réalise un à rythme effréné, un film chaque année entre 1988 et 2012. Proposant des formes plus variées et diversifiant son registre, il revisite à plusieurs reprises l’histoire de son pays (
Non ou la Vaine Gloire de commander en 1990,
Le Cinquième Empire en 2004), étudie les mœurs humaines (
Le Couvent en 1995,
Je rentre à la maison en 2001) jusqu’au fantastique (
L'Étrange Affaire Angélica, 2010). Auteur à la longévité exceptionnelle, Manoel de Oliveira reçoit une Palme d’Or à Cannes pour l’ensemble de sa carrière en 2008. Il décède en 2015, à l’âge de 106 ans.