Comment être acteur lorsqu’on hait les plans de carrière et les gags soupesés à l’avance ? À ses débuts, Bill Murray espérait tout improviser : ses sketches, ses films, sa vie, sa mort. Mais l’industrie a dissous sa bande du Saturday Night Live et fait de lui une star aux succès préprogrammés. Le sentiment d’imposture a été si vif qu’il a tout mis en œuvre pour disparaître : casser le nez à d’autres célébrités, touiller les tréfonds de la folie avec Hunter S. Thompson, s’offrir une retraite existentialiste à Paris, devenir cinéaste, tarder à se montrer sur les tournages au point qu’ils commencent sans lui. Il s’est même éparpillé à travers mille anecdotes d’intrusions absurdes dans la vie d’autrui, en sorte d’enfouir la seule histoire qui vaille : la sienne, la vraie, qu’il a souvent voulu raconter sans trop savoir par quel bout l’empoigner. Puisqu’il se fait encore attendre, commençons cette histoire sans lui.